Direction générale de l'aviation civile (DGAC)

Service technique de l'aviation civile

Les oiseaux des aérodromes:

Espèces animales rencontrées

Les Rapaces représentent le plus grand nombre de collisions sur le plan national puisqu’ils sont incriminés dans 30% des cas. Les Rapaces les plus impliqués sont respectivement, le Faucon crécerelle, la Buse variable et la Chouette effraie.

Parmi les Rapaces, les prédateurs diurnes représentent 88% des cas et 12% concernent les nocturnes.

Les Rapaces diurnes les plus impactées ne provoquent des dommages que dans de faibles proportions. Il s’agit essentiellement du Faucon crécerelle (masse : 200g) qui représente toujours l’espèce la plus percutée en France, mais qui ne provoque des dégâts mineurs que dans 0,4% des cas où il est impliqué. Par contre, la Buse variable (masse : 800g)  occasionne des dommages dans 6% des collisions la concernant.

Parmi les Rapaces nocturnes la proportion la plus importante est attribuée à la Chouette effraie. Les autres Rapaces nocturnes rencontrés sur les aérodromes sont respectivement les Hiboux des marais, et dans une proportion plus faible, les Chouettes chevêche et hulotte.

Les Passereaux sont concernés dans 17% du nombre total de collisions et les Hirondelles et les Martinets appartenant à cette famille,  sont impliqués dans 10% des cas. Pour rappel, en l’espace de 20 ans, un tiers de la population des Hirondelles a disparu. Ces espèces sont protégées depuis 1976 et la destruction des nids est interdite. Pourtant, la fréquentation des aérodromes français est en augmentation avec des variations d’une année sur l’autre.

Cependant, ces oiseaux ne pesant que 30 grammes, mêmes nombreux, n’occasionnent que très peu de dégâts mineurs.

L’Alouette des champs reste l’espèce la plus impactée dans cette famille (41% des cas). C’est l’une des espèces la plus répandue en Europe mais compte tenu de son envergure de 35 cm et son poids de 30 à 50 gr, elle ne provoque que très peu de dégâts sur les avions.

L’Etourneau sansonnet est impliqué dans 23% des cas. Malgré son faible poids aussi (60 à 90 gr), cet oiseau  peut représenter un réel danger pour la sécurité aérienne lorsque des groupes pouvant atteindre des dizaines de milliers d’individus se rassemblent dans le volume d’aérodrome.

Enfin, le Moineau domestique rencontré dans 20% des cas, n’est pas considéré dangereux pour la navigation aérienne, compte tenu de sa masse (30 gr) et de son comportement.

Les oiseaux de la famille des Laridés sont impliqués dans 11% du nombre total de collisions. La Mouette rieuse est touchée dans la moitié des collisions concernant cette famille et les Goélands argenté et leucophée y représentent 41% des cas. Les Laridés provoquent des dommages dans seulement dans 2% des collisions les concernant.

Les oiseaux de la famille des Colombidés (principalement les Pigeons domestique et ramier) et des Limicoles (principalement le Vanneau Huppé) sont impliqués respectivement dans environ 6% et 4% du nombre total de collisions. Ces deux espèces peuvent aussi provoquer des dommages qui par le passé, ont conduit à des accidents.

Parmi les collisions attribuées aux mammifères, les Lagomorphes sont concernés dans 71% des cas (à parité entre Lapins et Lièvres) et les Renards sont touchés dans 17% des cas.

graphique représentant la répartition des collisions par type d'animal

Pour rappel : Le STAC publie régulièrement depuis 2001, un rapport d’analyse du risque animalier en France.

Périodes de danger

Les risques de rencontre d'oiseaux ne sont pas continus tout au long d'une année.

Ils dépendent de l'activité des oiseaux et de l'intensité du trafic aérien.

Les saisons les plus dangereuses sont les périodes migratoires (octobre et mars) et la période de l'envol des jeunes non habitués aux avions (juin et juillet).

De même, l'aube et le crépuscule sont les moments de la journée les plus dangereux.

Cycle annuel et populations d'oiseaux

Trois périodes ornithologiques peuvent définir le cycle annuel d'une espèce d'oiseaux : le printemps incluant la migration de retour et la nidification, l'été / automne représentant la dispersion des jeunes et la migration aller, enfin l'hiver pendant lequel l'espèce est occupée à survivre.

Au cours de ces trois saisons, on voit se succéder plusieurs populations d'oiseaux : les sédentaires présents toute l'année sur le site de nidification, les estivants nicheurs (présents au printemps), les hivernants qui passent l'hiver dans des régions au climat leur permettant de survivre avant de retourner nicher, et les migrateurs de passage en transit migratoire.

Espèce: Ensemble des individus qui possèdent des caractères anatomiques, morphologiques et physiologiques semblables, pouvant se reproduire entre eux pour donner des descendants féconds.

Sédentaire: Une espèce d'oiseau est sédentaire si elle vit, toute l'année au même endroit.

Focus sur les Migrations

La migration se définit comme un mouvement de va-et-vient entre une zone de reproduction et une zone d'hivernage. Elle est dangereuse pour les espèces qui la pratique (oiseaux déportés par les vents, épuisement dû aux distances à parcourir, etc.). Elle n'est avantageuse que si la mortalité qu'elle entraîne est plus faible que celle due à la famine hivernale sur les lieux de reproduction.

C'est ainsi qu'il existe des migrateurs partiels : il s'agit d' espèces chez lesquels certaines populations migrent alors que les autres restent sur les sites de nidification à la mauvaise saison. Plus l'hiver est rigoureux, plus la vie est difficile, plus la migration est avantageuse. L'activité humaine peut aussi influencer la tendance à migrer pour certaines espèces, en assurant une nourriture abondante pendant l'hiver dans la zone de nidification (ex. décharges d'ordures ménagères, chaumes de maïs, etc.).

Le déclenchement des migrations (pulsion migratoire), est régie par des facteurs externes (conditions météorologiques) et internes (développement et régression des glandes sexuelles en fonction de la durée du jour, augmentation de l'adiposité, existence d'une horloge interne).

Les observations visuelles, le baguage, le radar et le radio-tracking sont les outils les plus utilisés pour l'étude des migrations. Les oiseaux migrateurs, dans la plupart des cas, ne suivent pas d'itinéraire précis. Ils traversent l'Europe sur un large front (sauf les Grues dont la route migratoire n'excède guère la centaine de kilomètre). Certains lieux de passage privilégiés peuvent être massivement empruntés (Gibraltar, Bosphore, cols en montagne, côte Landaise, etc.).

Les jeunes Oies et Grues suivent les adultes qui ont des repères topographiquement mémorisés. Les Coucous, les Loriots et bien d'autres espèces migrent d'instinct, les jeunes voyagent seuls (caps et latitudes d'hivernage inscrits dans le patrimoine génétique). D'autres systèmes de navigation sont utilisés: les migrateurs diurnes (Etourneaux, Rapaces) perçoivent les mouvements du soleil sur son arc. Les migrateurs nocturnes (Turdidés, Sylvidés) s'orientent à partir de la position des étoiles sur la voûte céleste. Par temps couvert, la perception des variations du champ magnétique terrestre ou la reconnaissance olfactive chez les Pigeons seraient utilisées.

Les distances parcourues sont souvent impressionnantes. La Sterne arctique parcourt environ 20 000 km à l'aller et autant au retour. Le Traquet motteux en couvre presque autant entre l'Alaska et l'Afrique. De nombreux oiseaux européens franchissent aux alentours de 10 000 km dans chaque sens (migrations aller et retour). Les vols sans escale peuvent atteindre des distances de 3 000 km (Traquet motteux). La vitesse moyenne de migration de cette espèce avoisinant les 40 km/h, il lui faut voler sans arrêt pendant 72 heures pour couvrir cette distance.

Chez certaines espèces, les jeunes et les femelles partent plus tôt et couvrent des distances plus importantes que les mâles (rapaces, petits passereaux).

La plupart des migrateurs volent au-dessous de 1000 m, mais des rencontres avec des avions ont lieu régulièrement à 5000 m avec des oies, le record étant détenu par un vautour percuté à une hauteur de 11 300 m.

Pour réaliser ces performances, les oiseaux ont besoin d'une énergie considérable, d'une réserve de "carburant" importante. Avant d'entamer la migration, ils stockent ce "carburant" sous forme de graisse. Ils peuvent ainsi aller jusqu'à doubler leur poids: le Phragmite des joncs passe d'environ 11g à 22g avant son départ, le Bécasseau maubèche de 120g à 250g environ, etc. Quand les conditions sont idéales, cette prise de poids est très rapide (le Phragmite des joncs peut prendre 0,5g par jour).

La migration d'automne est deux fois plus lente que le voyage de retour au printemps (les oiseaux sont pressés de nicher pour assurer au maximum le succès de la reproduction). En moyenne, la migration dure deux à trois mois à l'aller, un mois au retour. Les étapes sont irrégulières selon la nature des zones survolées. La traversée du Sahara ou de la mer se fait d'une seule traite puis les oiseaux s'arrêtent plusieurs jours en des sites plus favorables pour récupérer.

Le nombre d'oiseaux migrateurs qui survolent l'Europe est considérable. On estime à 5 milliards le nombre des Passereaux qui entament la migration d'automne, 40 millions de Rapaces, 700 000 Cigognes, etc. Les effectifs de migrateurs qui reviennent sur les sites de nidification est bien plus faible en raison de la mortalité hivernale et des pertes directement dues à la migration elle même.

Certains oiseaux font des voyages qui ne sont pas vraiment des migrations. De nombreuses Mésanges viennent passer des hivers dans les jardins, en ne s'éloignant que de quelques kilomètres des forêts où elles ont niché. Pendant la mue post nuptiale, oies et canards sont incapables de voler, ce qui les rend très vulnérables. Certaines espèces effectuent alors une migration de mue en se rendant dans des sites isolés (îles) puis reviennent sur leurs sites de nidification.

Mise à jour le 25 novembre 2022